Friday 12 October 2012

Notre Archipel Normand, sa langue et sa littérature (1)

En 1872 AA Le Gros fît un discours en Dgèrnésy sus l'sujet d'l'histouaithe lîndgistique et littéthaithe des Îles. La Gazette de Guernesey en fît un rapport en Français l'28/2/1872 tchi fut r'publié par la Nouvelle Chronique de Jersey l'2/3/1872. Et achteu j'allons bliodgi chu rapport en tchiques parties.

Jèrriais author AA Le Gros travelled to Guernsey in 1872 to give a lecture on the linguistic and literary history of the Islands. The French-language Guernsey newspaper La Gazette de Guernesey published a lengthy report which was reprinted in the Nouvelle Chronique de Jersey a few days later for the benefit of Jersey readers. Since it's of interest, we're presenting the transcription in a series of blogposts.

Société Guernesiaise. - De toutes les parties de l'île, à l'exception peut-être de ses deux extrêmes paroisses, on s'acheminait vers l'école de St.-André, Vendredi dernier; un tel nombre s'y rendit qu'en très peu de temps la vaste salle fut remplie et des centaines ne purent réussir à entrer. Il s'agissait d'entendre M. Auguste-A. Le Gros, le poète et l'auteur jersiais, faire sa conférence sur Notre Archipel Normand, sa langue et sa littérature.
Le sujet en était un qui faisait appel à tous les coeurs guernesiais; on savait que le conférencier était à la hauteur de sa tâche; on tenait à entendre parler de notre passé et à faire honneur à l'orateur qui s'était donné la peine de passer la mer pour nous instruire et pour faire tressaillir notre patriotisme. Le succès a été parfait, le plus intime rapport de sentiments existait entre le conférencier et son auditoire, et l'on ressentait que le coeur de Guernesey savait bien battre encore.

M. le Rév. H.-L. Dobrée a dit que "nous avions le plaisir très rare et très agréable d'accueillir au milieu de la Société Guernesiaise et de toute l'île réunie, car il y avait du monde de toutes les paroisses, et surtout au nom des St.-Andriais, un conférencier, venant d'une autre île, en tout semblable à la nôtre, qui arrivait au milieu de nous pour faire une conférence sur un sujet des plus intéressants, sur notre archipel normand. Ces discours sur les îles sont des plus instructifs; à la dernière réunion dans cette salle l'histoire du commerce de Guernesey fut traitée par une main capable et habile; aujourd'hui le sujet sera plus étendu, car il s'agit des origines, de la vie de notre petit pays et des autres îles environnantes, de sa langue et de sa littérature. Nous allons avoir une soirée des plus instructives et des plus intéressantes. Si Jersey est au-dessus de nous dans le mouvement général et par l'étendue de son commerce, j'espère que je puis dire et qu'il nous sera démontré que sur le point de la littérature et des belles lettres nous ne sommes pas inférieurs. Nous avons ce soir des amateurs jersiais, et si les autres suivent l'exemple que nous venons d'entendre, je crois que nous aurons bien de l'attraction ce soir et fort à lutter, et si au bout le conférencier nous prouve et nous fait accorder la supériorité à Jersey sur tous les points, du moins nous aurons entendu le sujet traité d'une main digne et habile. Je vous introduis M. Le Gros."

Le désir d'entendre M. Le Gros étant si répandu, et vu que peu relativement ont pu le gratifier, nous essayerons de donner une analyse de sa conférence si savante, si instructive et d'un patriotisme si excitant.

M. Le Gros a commencé par démontrer que les îles de notre archipel sont unies entre elles par les liens d'une intime parenté. Leurs intérêts sont réciproques. L'histoire, les moeurs, l'origine, la langue sont identiques. Son sujet est le dialecte des îles. Il nous a bien dit, que la langue d'un peuple est le sceau de sa vie, de sa nationalité, de son indépendance, aussi est-ce à la langue que la domination étrangère s'attaque toujours. Nous sommes à l'époque de la renaissance des vieilles langues: l'orateur a cité ce qu'on fait en Irlande pour l'Erse, en Belgique pour le flamand, il a parlé de Henri Conscience, en Bretagne, des travaux de M. Gaidoz et autres. Serions-nous assez faibles que de perdre, par une indifférence des plus coupables la langue de nos pères, non-seulement cette belle langue française qui est celle de notre civilisation, mais aussi ce langage si expressif et si naïf de nos hameaux? Nous tenons à conserver ce qui rattache à la Normandie d'autrefois, celle qui a envoyé ses fils à la conquête et aux croisades et dont la langue a eu la plus large part dans la formation du français de nos jours.

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